Nous pouvons considérer qu’il y a deux représentations de la vie d’un haïtien vivant à la campagne : le paysan très mal outillé travaillant des sols, souvent ingrats, avec des conditions de vie pénibles ; une vie que le paysan considère comme un échec parce qu’il est contraint de rester attacher à sa terre. Il y a aussi celui qui travaille dans la ville, dans des conditions pas trop différentes mais prestigieuses aux yeux des paysans .
Nous assurons, le plus souvent, la scolarité des enfants pour qu’ils échappent à la paysannerie. Nous sommes dans un système qui, peu à peu, pousse le paysan à quitter sa terre. Pourtant, la paysannerie a survécu dans des conditions dramatiques, dans l’arrachement à l’Afrique, dans le système colonial esclavagiste, puis sous la dictature. En dépit de toutes ces difficultés, elle a su réussir à créer quelque chose.
Le fait pour un paysan de quitter sa terre à la campagne et et se dirige vers la capitale et les grandes villes du pays n’est autre de l’exode rural, un phénomène qui devient très fréquente dans l’Haïti d’aujourd’hui – même si Haïti reste, contrairement à d’autres pays d’Amérique latine, un pays à dominante rurale (près de la moitié de la population). Il y a de forts flux de population vers Port-au-Prince et la zone métropolitaine qui deviennent des espaces immaîtrisables. En raison de la pression démographique en ville, le pouvoir politique nourrit les populations des bidonvilles avec le « riz Miami », c’est-à-dire le riz importé, au lieu d’encourager la production nationale.
Outre l’exode rural, il y a aussi l’exil. On quitte la terre, on va dans les villes, puis à Port-au-Prince, on espère aller au Canada, en France ou aux Etats-Unis. Les gens de la diaspora, constituant un nombre très importante de gens (plus de 2,5 millions de personnes, proportion énorme pour un pays de 9,5 millions d’habitants) arriventà assurer le financement de scolarité et de nombreux autres activités pour leurs familles.
Toutes les couches sociales sont représentées. Depuis le temps du Duvaliérisme, les classes moyennes sont parties d’abord ; puis les boat people qui ont, à la fin du XXème siècle, représenté un déplacement important de gens sans qualification, souvent analphabètes, qui devaient tout vendre, terre, bétail, maisons, pour se payer le passage vers la Floride. Tout le monde a quelqu’un dans la diaspora avec qui on cherche à maintenir le contact en cas divers difficultés financières.
La diaspora haïtienne est pourvoyeuse de 25% du produit intérieur brut (PIB) du pays mais il faudrait peut-être encourager les transferts par des incitations. Cette diaspora cherche entre autre à consommer des produits « du pays » malgré les normes exigées pour les importer vers les pays étrangers comme les États-Unis, la France, le Canada et partout ailleurs.
Les institutions financières y compris les microfinances pourraient constituer un vecteur de développement rural pouvant, à travers les accompagnements technique et financière, aider les entrepreneurs des micros, petites et moyennes entreprises évoluant dans le secteur agricole. Ce qui pourrait empêcher le départ massif de ces paysans ainsi que l’abandon complet des travaux liés à l’agriculture par ceux-ci. Mais, les contraintes de crédit liées aux risques agricoles réduisant la garantie de remboursement ainsi que le manque d’infrastructure dans tout le pays constituent un problème majeur aussi bien pour ces institutions d’octroyer des crédits aux paysans et entrepreneurs des régions urbaines du pays que pour ces entrepreneurs eux-même de pouvoir bénéficier facilement des accompagnements financiers avec un faible taux d’intérêts.
En dépit de toutes ces contraintes, l’équipe du Collectif du Financement Populaire (KOFIP) cherche à rejoindre ces paysans et entrepreneurs évoluant dans le secteur agricole haïtien, travailler avec eux afin de pouvoir les aider à améliorer leurs conditions de vie et de redonner la vie aux activités qu’ils entreprennent en les offrant des formations ainsi que des crédits (crédits transports et crédits commerces) à un faible taux. Tout cela, c’est dans le but de remettre en vigueur le goût de travailler la terre et augmenter la production nationale qui va tout bonnement entrainer un rehaussement du développement socio-économique pour le pays.
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