La situation du crédit dans le millieu Rural

Au cours des deux dernières décennies, le milieu rural Haïtien a fait l’objet d’études diverses. Ces études se recoupent sur un point fondamental, à savoir l’ampleur de la misère qui assaille les ruraux Haïtiens.
Déjà en 1988, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) informait que les ruraux Haïtiens vivaient dans la pauvreté absolue. Pour chaque centaine de personnes dans la population rurale, 95 n’avaient pas suffisamment de moyens de subsistance pour satisfaire leurs besoins primaires. À l’échelle (globale) du pays, ces individus représentaient 80% de la population.
Cette étude de la FAO montrait que 90% des ruraux pauvres, classés comme des indigents, n’avaient même pas la possibilité d’acheter le minimum d’aliments ncessaires.

La plus récente enquête réalisée par l’Institut Haïtien de Statistique (IHSI) sur les conditions de vie en Haïti (ECVH-2001) confirme une plus grande incidence et profondeur de la pauvreté en milieu rural (où vivent deux Haïtiens sur trois) par rapport au milieu urbain. Elle fait voir en effet que sur chaque dizaine d’Haïtiens pauvres, huit vivent en milieu rural, avec un revenu oscillant en moyenne entre un et deux dollars par jour.

Le milieu rural est livré a lui même impuissant et au cours de moyen pour subvenir à ses besoins. La présence des prestataires de services financiers sur le terrain reste concentrée à Port-au-Prince et ses environs. Cette situation n’est pas sans lien avec la part considérable de l’informel dans l’économie (plus de 70%), d’autant plus que le système bancaire traditionnel est très focalisé autour d’acteurs économiques impliqués dans le commerce dans la zone métropolitaine,le secteur informel ne répond pas à tous les critères pour emprunter de l’argent auprès des institutions traditionnelles. La microfinance est le vecteur essentiel du financement en milieu rural. Le taux de pénétration de la population par les services de la microfinance reste encore très faible comparé à d’autres pays de la région, ceci même en milieu urbain où il ne dépasse pas 10%.Les acteurs du secteur s’accordent à dire que la microfinance est un système qui marche. Ils avancent comme preuve le développement ainsi que l’élargissement de leur clientèle et de leur portefeuille de crédit. En Haïti, les entrepreneurs des micro entreprises représentent 70% de la force de travail exerçant un emploi ; l’industrie de la microfinance est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie haïtienne, en 2010 son bilan consolidé équivaut à 7% de celui de l’ensemble du secteur bancaire pour 3 fois plus d’emprunteurs desservis.Les institutions de microfinance représentent un portefeuille de crédit de plus de deux milliards de gourdes.

Pour plus d’un, les taux d’intérêts pratiqués dans le secteur du microcrédit sont abusifs. En effet, outre des frais de dossier et autres débours, les emprunteurs ont eu à faire face à des taux annuels qui oscillent des fois autour de 60 %. Aussi ont-ils à rembourser des montants souvent élevés. Et les premiers à se plaindre sont l’ensembles des individus constituant la clientèle qui, à la fin du mois, a parfois des difficultés à honorer ses engagements. Quant aux responsables des institutions de microcrédit, ils brandissent, pour se justifier, la carte de la garantie et autres contraintes.

Pour l’économiste Eddy Labossière, « le microcrédit est une arme à double tranchant. S’il permet aux membres du secteur informel, qui ne disposent pas d’assez de garanties, d’obtenir du crédit, les taux d’intérêt en cours sont trop élevés. Ceci empêche une réelle accumulation de capital susceptible de permettre à l’emprunteur de sortir de la misère».

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